À Nabeul, chez Hassen Hariga : « lablabli » à la juive, 365 jours par an !

Crédit photo: Abdel Aziz HALI – © Copyright mangeonsbien.com


À Nabeul, la cuisine populaire juive et ses astuces continuent de faire de la résistance face à la razzia des Fast-foods à la sauce américaine. Et dans la cité des potiers, tout le monde se souvient encore de la bricka et du casse-croûte tunisien sur le pouce de Théodore ou du « lablabi » de Khlifa.

 

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Hassen Hariga (Crédit photo: Abdel Aziz HALI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Si aujourd’hui El Bahi brille de mille feux avec son délicieux plat tunisien et son sandwich ou son keftaji, depuis l’année 1990, Hassen Hariga, dans sa gargote baptisée « Restaurant Manel », du côté de « Zkak el bhar » (juste en face de la boulangerie Mestiri-ndlr), fait l’unanimité avec son « lablabi » à la juive.

 

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Fethi, le frère cadet de Hassen et l’un de ses lieutenants, en train de préparer un bol de « lablabi » (Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Très proche, depuis son jeune âge, des Juifs nabeuliens, Hassen a hérité de la communauté israélite leur savoir-faire et leurs techniques pour préparer l’un des meilleurs « lablabi » de la Tunisie.

Pour l’harissa traditionnelle, Hassen et ses lieutenants se sont inspirés de Roger, un célèbre artisan juif spécialisé dans ce produit du terroir. En effet, à partir de la mi-août, le début de la récolte du piment, M. Hariga achète une centaine de kilos de piments qui lui serviront pour la préparation de son harissa.

 

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Un grand bol de « lablabi » à l’oeuf de chez Hassen Hariga à Nabeul (Crédit photo: Abdel Aziz HALI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

« Stocké dans son grenier, le piment est trié pour éliminer les abimés, puis, séché pour se déshydrater lentement tout en poursuivant leur maturation. À la fin de ce processus, les guirlandes de piments sont emmagasinées d’une façon verticale pour qu’elles ne pourrissent pas. », fait savoir Hassen.

 

 

Ensuite, arrive l’étape de l’effeuillage qui consiste à éliminer les pédoncules et les pépins, dits aussi graines, de la gousse du piment pour obtenir une bonne harissa, souligne Hassen.

« Par la suite, c’est le tour du broyage à plusieurs reprises du piment effeuillé avec de l’ail beldi et du sel iodé en respectant les proportions, selon une recette juive, pour aboutir à une harissa avec une texture homogène et une couleur éclatante et, surtout, un goût bien pimenté. », rajoute Hassen.

 

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La devanture de la gargote de Hassen Hariga, baptisé « Restaurant Manel » (Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Mais le secret du « lablabi » de Hassen Hariga ne s’arrête pas au niveau de l’harissa maison. Le maître des lieux prépare aussi dans son entrepôt les condiments qui servent à relever son harissa et à épicer son « lablabi ». Cumin, carvi, menthe, fenouil, etc… Tout est fait-maison chez Hariga.

 

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Des morceaux de citron jaune entreposés dans un saladier inoxydable (Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

En outre, ce qui distingue le « lablabi » de Hassen de celui de ses concurrents est l’astuce juive qu’il a piqué de chez Théodore. On parle de la fameuse « bissara » afin d’en rendre le jus de cette soupe à base de pois chiches plus onctueux.

 

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Théo en train de préparer une « bircka » et juste derrière lui son apprenti, le jeune « Lounifi » (Crédit Photo: © André Mamou)

 

La « bissara », selon notre ami Mohamed Rached Khayati, est « un potage de févettes cassées que les juifs prennent l’habitude de consommer en fin de soirée, après qu’ils aient levé un peu trop le coude, pour parer à une éventuelle gueule de bois, le lendemain matin. ».

D’ailleurs, l’ancien bras droit de Théodore, Noureddine Nasri, connu sous le sobriquet de « Lounifi », s’occupe de la marmite de « lablabi » avec Fethi et Adel, les frères de Hassen, pour vous servir un grand bol de « lablabi »ou un petite « sahfa » de leu potion magique accompagné d’une petite assiette de saumures, 7j/7 tout au long de l’année.

 

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L’ancien bras droit de Théodore, Noureddine Nasri, connu sous le sobriquet « Lounifi » (Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Il faut dire que chez Hassen Hariga, même durant les journées caniculaires de l’été nabeulien, le « lablabi » à la juive est roi !


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16 Commentaires sur “À Nabeul, chez Hassen Hariga : « lablabli » à la juive, 365 jours par an !

  1. abderrazek afef says:

    Un très bon article une description parfaite ça donne envie de prendre mes clics et clacs et d’aller tout droit vers cette fameuse sahffa lablebbi

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  5. Zyed says:

    Un article très intéressant qui me rappelle de très beaux souvenirs: ça fait au moins 15 ans que j’y ai mangé la dernière fois. J’a vraiment très envie de déguster à nouveau ces plats là-bas.

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  14. HADDAD Bellaiche Désirée says:

    Bravo pour cette belle recette nabeulienne.
    Juste un bémol à cet article les deux photos de Théodore Chiche Tudor pour les nabeuliens proviennent des petits enfants de Tudor ( qui sont aussi mes petits enfants) et ils ont les originales mais pas de Mamou ou autre qui les a emprunté à une parution que je faisais sur un site .
    Merci à tous ceux qui ont et conservent la mémoire de ceux qui ont vécu et aiment Nabeul pour toujours , afin que l histoire évoque la existence et la fraternité des nabeuliens

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