Au « beit el mouna », chez Ommi Founa…

Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com


Dans nos maisons traditionnelles, la chambre aux provisions se nommait « beit el mouna » et jouait un rôle essentiel dans l’économie domestique.

Le nom de cette pièce où étaient entreposés les provisions les plus diverses provient du verbe arabe « mawana » qui signifie « pourvoir », « ravitailler », « s’approvisionner ».

Selon l’importance des maisonnées, le « beit el mouna » peut comprendre une ou plusieurs pièces voire constituer un appartement à part entière.

Cette chambre aux provisions peut se trouver aussi bien à l’entrée des demeures bourgeoises que dans les dépendances consacrées au travail domestique.

 

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La porte d’un « beit el mouna » dans une maison traditionnelle à Mâamoura dans le gourvernorat de Nabeul. (Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Ainsi, dans certaines demeures patriciennes, on peut trouver ces réminiscences d’un autre temps qui ont pour nom « beit el saboun » pour la buanderie, « beit el khobz » pour le lieu où l’on pétrit et travaille le pain ou encore « beit el fham » pour le lieu de stockage du charbon.

La chambre aux provisions rassemble aussi bien les produits alimentaires que les ustensiles dont l’usage n’est pas quotidien.

 

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La jarre, un ustensile très utilisé par les ménagères jadis, en dessous de la fenêtre du « beit el mouna » (Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com)

 

De la sorte, on trouvera dans cette chambre des sacs de grains constituant les provisions de blé et de semoule ainsi que des provisions de légumineuses allant des pois chiches en passant par les lentilles, les herbes séchées ou les olives.

On trouve aussi dans le « beit el mouna » les provisions d’huile de la famille qui sont conservées dans des jarres et des récipients plus petits.

 

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Le patio, alias « Essoddar », était aussi une pièce maîtresse pour nos grand-mères. (Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Toutefois, l’essentiel des provisions qui sont entreposées dans cette dépendance des maisons traditionnelles sont le produit du travail des femmes. On y trouve ainsi couscous et mhamssa, kadid et merguez, borghol et frick, torchi et mellah, olives et tomates séchées.

Les épices trouvent aussi leur place dans cette chambre aux provisions ainsi que tous les condiments, à commencer par les guirlandes de piments séchés, les gousses d’ail et les bottes de « naanaa », la menthe séchée.

 

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Hayette en train d’effeuiller du piment rouge dans son « beit el mouna » à Maâmoura. (Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Véritable épicerie à domicile, la chambre aux provisions devait avoir des allures de supermarché domestique avec tous les produits d’usage courant ou plus rare.

Tous ces produits étaient soigneusement conservés dans des « khabias » en poterie, généralement fabriquées à Djerba pour les plus grandes et à Nabeul pour les plus petites. Pour puiser dans les grandes jarres, on utilisait la « galba », une louche rudimentaire.

 

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Un mortier en bois et de la poterie en terre cuite dans le « Beit el mouna » dans la maison de l’Artisan à Maâmoura. (Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Avec les jarres, des boîtes de fer blanc permettaient aussi de conserver les provisions. Nommées « qazdria », ces boites meublaient l’espace avec des bocaux en verre et des sacs en toile de jute.

Dans « beit el mouna », on gardait aussi les ustensiles dont on ne se servait pas sur une base quotidienne. Par exemple, les batteries de grosses marmites, les « tanjra » d’antann, étaient ici entreposées.

 

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La porterie nabeulienne et les cuillères en bois sont bien présentes dans la Maison de l’Artisan à Maâmoura. (Crédit Photo: Zied BOUZID – © Copyright mangeonsbien.com)

 

On trouvait aussi dans cette pièce essentielle dans chaque maisonnée, les services à couscous, autrement dit le « maqfoul » et le « keskes » qu’on ressortait pour les repas de fêtes. On trouvait aussi les vastes plateaux nommés « sinia » qu’on utilisait pour la confection des baklawas. De différentes tailles, les « kassaas » étaient aussi gardées dans cet espace en attendant une opportunité de s’en servir.

 

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Des denrées alimentaires et des épices conservés dans des bocaux en verre à Dar Mrad, à Nabeul. (Crédit Photo: Anis KALAI -© Copyright mangeonsbien.com)

 

Véritable grotte d’Ali Baba, cette chambre aux provisions n’a plus véritablement cours aujourd’hui, même si dans certaines régions de tradition agricole, elle reste toujours en usage.

L’évoquer nous ramène au souvenir des Ommi Founa, Ommek Sanafa, Ommi Traki, Hnani et Aicha Kadra et tous ces personnages féminins du temps jadis…

 


 

5 Commentaires sur “Au « beit el mouna », chez Ommi Founa…

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  4. Michèle MICALLEF says:

    Très bel article qui me ramène à ma petite enfance , du temps où ma grand mère et ma maman préparaient de grandes jarres d’olives et de légumes dans de la saumure , du temps où nous allions justement chercher l’huile d’olive chez de petits agriculteurs dans les campagnes
    Oui, ce fut un temps que beaucoup ne connaissent pas mais qui reste ancré chez les plus anciens

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