Chelbi, Ben Gabsia & Jazi: ces Gardiens du Temple des Saveurs nabeuliennes

Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com


Qui dit épices et produits du terroir, dit essentiellement « Bazars aux épices » où saveurs locales et plaisirs exotiques se côtoient pour offrir une mosaïque de couleurs et une symphonie d’effluves. En Tunisie, plusieurs épiceries (au sens strict du terme) font de la résistance face aux étals incolores et inodores des hypermarchés et au bling-bling du phénomène des épiceries fines. À Nabeul, le fief de l’Harissa et des denrées dites « diari », une myriade de boutiques continue de perpétuer la tradition d’antan en offrant à sa clientèle des produits alimentaires artisanaux ou faits maison. « Mangeons bien » vous fait découvrir trois épiceries mythiques de cette Cité des Saveurs ! Reportage.


Quand on entre dans l’épicerie de Lotfi Chelbi, à Nabeul, on se croit dans une caverne d’Ali Baba. Entre épices exotiques, produits du terroir et le homemade, dans ce repaire des délices, l’insatisfaction n’a pas de place.

 

 

Le lait de l’Ogresse chez Chelbi

Il faut dire que dans cette boutique, et comme le disait nos anciens, on trouve « hlib el ghoula » (le lait de l’Ogresse): fruits secs crus ou grillés, des cocktails d’épices pour chaque type de viande, des épices moulues ou en graines, couscous, « mhamsa », « borghol », « tchich » (orge broyé), « helba » (fenugrec moulu), tomates séchées, harissa traditionnelle, huile d’olive, vinaigre de cidre, ail, bsissa, sorgho, « chriha » (figues séchées), curry indien, gingembre frais, féculents, poivres des îles, étoiles de badiane, graines de nigelle, anis vert, lauriers, caroube, piments rouges séchés, fiasques d’eaux distillées (eau de fleur d’orange, eau de rose et eau de géranium rosat), boites conserves de thon ou de double concentré de tomates, miel, thé, halva, etc…

 

 

« Notre aventure a démarré en 1981 avec mon père en vendant les épices et les spécialités nabeuliennes. Aujourd’hui, outre les produits du terroir, nous nous sommes aussi spécialisés dans les épices orientales et exotiques. », souligne Lotfi Chelbi.

 

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Des pistaches iraniennes (Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Outre les denrées alimentaires, le maître des lieux a consacré tout un rayon pour la phytothérapie voire même d’aromathérapie. Ainsi des huiles essentielles ainsi que des plantes médicinales pour infusion sont rangées soigneusement.

 

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Lotfi CHELBI, devant le rayon consacré à la phytothérapie et à l’aromathérapie (Crédit photo: Anis KALAI – © Copyright mangeonsbien.com)

 

Et chez Lotfi Chelbi les produits de la pâtisserie moderne (arômes, colorants et émulsifiants) et des ingrédients de la cuisine moleculaire (alginate, agar-agar, etc.).

 

 « El-aoûla » de nos grand-mères chez Ben Gabsia

Toujours dans la Cité des Potiers, depuis 2001, l’épicerie de Walid Ben Gabsia, juste à côte de la pâtisserie turque de Mengüllüoğlu & Nuraydin, excellent en proposant à ses clients tous les produits d’el-aoûla » (les provisions) que nos grand-mère dans une chambre appelée « beit el mouna ».

 

 

« Tout ce que vous voyez dans notre épicerie, à part les conserves, est fait maison. Dans notre atelier, je prépare les épices (coriandre, carvi, poivre, etc.), l’harissa traditionnelle, le couscous ainsi que les autres denrées traditionnelles (mhamsa, borghol, hlalem, nwasser, chorba d’orge, etc.). », fait savoir l’artisane des lieux, Zeinouba El Guesmi.

 

 

« Et durant la saison du printemps, je distille l’eau de fleur de bigaradier, l’eau de menthe, l’eau de géranium rosat et l’eau de rose. Ici tout est artisanal et « diari » », ajoute-t-elle.

 

 

Saumures de qualité et harissa au goût unique chez El Jazi

Enfin, du côté du quartier de « Lahwech », à Nabeul, juste en face du mausolée du Marabout Sidi Maâouia et à côté la pâtisserie « Al-Halwani » (Ex-Canari), à l’avenue Habib Thameur, Rafik Jazi, alias « Khlila » surclasse tous ses concurrents avec une harissa nabeulienne au goût unique et des saumures inimitables.

 

 

Cette boutique est aussi réputée par sa délicieuse « harissa de mayou » qui sert pour préparer la fameuse« ojjet mayou » (les galettes de mayou).

 

 

Bref ces trois épiceries méritent d’être inscrites dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (U.N.E.S.C.O.).

 


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