Tradition juive: qui dit Pessa’h, dit « Matsa » !

Crédit photo: Hanene MABROUK – © mangeonsbien.com


Le pain est indissociable de notre culture basée sur la consommation des céréales et notamment celle du blé.

Toutes les religions ont fait du pain un symbole, à la fois physique et spirituel, de vie, de mort, de renouveau et de partage. Une marque de la générosité des Dieux envers les Hommes.

Jésus apprenait à ses disciples à dire à Dieu : « Seigneur, donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Chez les chrétiens, l’hostie, pain azyme non levé, représente le corps du Christ : « Prenez et mangez, ceci est mon corps ».

Pour nous, musulmans, le pain est un aliment sacré. Nos parents nous ont appris à ne jamais jeter le moindre morceau de pain.

Quand nous trouvions un morceau de pain par terre, nous ne manquions jamais de le ramasser, de l’embrasser et de le ranger dans un endroit propre.

Les hébreux, chassés d’Egypte, dans la précipitation et sans pouvoir prendre des provisions, emmenèrent avec eux de la farine non levée avec laquelle ils confectionnèrent des galettes : ce fut l’origine du pain azyme.

Les juifs ont perpétué cette tradition et font cuire ce pain, également appelé « matsa » (« מַצָּה »,  en hébreu et « matsoth » au pluriel), orthographié aussi « matza », durant la fête de Pessa’h (Pâque juive), en souvenir de leurs ancêtres.

 

« Chemoura », « Reguila » & « Achira »

Le pain « Matsa » est un pain plat (en forme de galettes-ndlr) qu’on ne laisse pas lever lors de sa préparation afin qu’il reste mince et croustillant une fois servi.

En effet, il existe trois sortes de ce pain azyme:

  • La « Matsa Chemoura »: pour sa fabrication, on surveille la farine depuis la récolte du blé, en évitant de la mettre en contact avec de l’eau qui pourrait la rendre « hamets ». Elle est en général faite à la main.
  • La « Matsa Reguila »: elle est faite avec de la farine surveillée à partir de la mouture du blé.
  • La « Matsa Achira »: elle est faite avec du vin ou un jus pressé que l’on met à la place de l’eau.

Nos amis tunisiens de confession juive, avec qui nous avons toujours partagé les fêtes religieuses des uns et des autres, nous offraient ces galettes à l’occasion de Pessa’h.

Pour le séder de Pessa’h ou pour le septième jour de cette fête, les familles juives tunisiennes préparaient traditionnellement le « msoki », un ragoût aux légumes (généralement de saison) cuit avec de la viande d’agneau et à lequel on ajoutait des morceaux de « Masta » à la fin, pour lui donner plus de consistance.

Quand il m’arrivait de rouspéter que ce pain n’avait aucun goût, mes amis me répondaient que c’était surtout un gage d’amitié et de respect.

J’ai longtemps gardé ces pains chez moi, en signe d’amitié, et parce que la croyance voulait que ce pain soit une bénédiction car d’après le « Zohar » (le « Livre de la Splendeur », en français: une exégèse ésotérique de la Torah-ndlr), la « Matsa » est le pain de la foi et de la guérison.

Ils m’ont porté bonheur.

Bonne fête du Pessa’h à tous nos amis juifs.


Recette de la « Matsa »

… selon une recette ancestrale


Catégorie: galettes, pain azyme

Temps de préparation: 15′

Temps de cuisson: 3 à 4′


Ingrédients

Pour une dizaine de galettes

  • 2 tasses de farine de blé basique casher (soit l’équivalent de 330 g)
  • 1 tasse de farine de blé complète casher (soit l’équivalent de 128 g)
  • 1 tasse d’eau (soit l’équivalent de 250 ml)

Préparation

Étape par étape

  • Préchauffer le four à 240°C.
  • Mélanger les deux types de farine dans un saladier.
  • Ajouter doucement l’eau.
  • Mélanger jusqu’à l’obtention d’une pâte souple.
  • Pétrir la pâte pendant environ 5′.
  • La laisser reposer pendant quelques minutes, une fois la pâte est pétrie.
  • Découper dans la pâte des ovales de la taille d’un œuf.
  • Étirez ces morceaux de pâte.
  • Piquer chaque morceau avec une fourchette.
  • Enfourner pendant 3 à 4′.
  • Sortir du four.

Conseil: la pâte doit être croustillante.

 

Matsa
Des « matsoth » traditionnelles (Crédit photo: Domaine Public)

 


 

9 Commentaires sur “Tradition juive: qui dit Pessa’h, dit « Matsa » !

  1. Jean-Pierre says:

    Outre la cuisine méditeranéenne, que m’a fait découvrir un ami juif tunisien, j’aime vos commentaires d’amitiés, de partages, et tolérance. Honoré de Balzac disait  » … Il est des êtres qui ont le privilège d’être parmi les hommes comme des astres bienfaisants, dont la lumière éclaire les esprits et las rayons réchauffent les coeurs… » Cordialement

  2. Pingback: Pessa'h : telles sont les origines nabeuliennes du "Msoki" !

  3. Virginie Holder says:

    Bonsoir! Merci pour la recette! Pourtant j’ai une question, est-il possible de faire du pain azym sans gluten et si oui avec quelle farine?
    Très cordialement, Virginie

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