Pessa’h : telles sont les origines nabeuliennes du « Msoki » !

Crédit photo: © Mémé Hélène


À partir du soir du mercredi 5 avril et jusqu’au soir du  jeudi 13 avril 2022, la communauté judéo-tunisienne célèbrera Pessa’h (la Pâque en hébreu). Il s’agit de l’une des trois fêtes de pèlerinage du calendrier juif, qui débute le 14 nissan à la tombée de la nuit et se poursuit 7 jours durant en Terre sainte et 8 en Diaspora.

Les journées du Pessa’h commémorent, en effet, l’exode des Hébreux hors d’Égypte et la fin de leur l’esclavage. Elles ont aussi une signification agraire qui repose, elle, sur la célébration du printemps, au début de la moisson de l’orge. Et durant ces jours de fêtes, les Tunisiens de confession juive sont obligés de manger la « matsa » (un pain azyme) et de bannir le « hametz » (aliments à base de pâte levée et/ou fermentée).

Mais qui dit Pessa’h en Tunisie, dit un tout une orgie gastronomique associée à cette fête du calendrier hébraïque tels que le « faad », « debbahia », « yabrak », « banadhej » et surtout le fameux « Msoki ».

Or plusieurs ignorent que ce plat emblématique du Pessa’h prend racine dans la Hara de Nabeul, le quartier juif de la Cité aux 7 synagogues:

  • La grande synagogue de Nabeul proche de la grande mosquée pouvait recevoir jusqu’à 400 fidèles

 

Msoki
La grande synagogue de Nabeul (Photo: Monique Hayoun)

 

  • La synagogue de Mordekai KARILA date de 1904
  • La synagogue Gaston KARILA bâtie en 1919

 

Msoki
La porte de la bibliothèque de la synagogue Gaston Karila (Photo: DR)

 

  • La synagogue Yaacov Mamou construite par son fils Isaac à sa mémoire
  • La synagogue du Rabbin Hai Guez
  • La synagogue Ephraim Haddad
  • La synagogue Braouma

« C’est au Cheikh Youssef Nadjar que l’on doit l’invention du Msoki. Homme de bien, il distribuait ce « plat des pauvres » à Nabeul, puis dans toutes les villes de Tunisie à partir de 1886. Un siècle plus tard, en 1982, son arrière-petit-fils, Mike Elliott, fondateur et directeur de la Centrale des Produits Kasher [CPK] industrialise de plat traditionnel de la Pâque juive sous la marque « Mémé Hélène » », selon une légende urbaine mentionnée dans une présentation du « Mon Misoki du Pessah » de la marque française « Mémé Hélène ».

 

Sacrés Cheikh Youssef Nadjar et son arrière-petit-fils, Mike Elliott !


Recette de « Msoki »

(«Tunisie gourmande», Éditions de la Martinière)

Par Jacqueline Bismuth

cuisine
Jacqueline Bismuth avec son livre « Tunisie gourmande » (Crédit Photo: Abdelaziz BELKHODJA – Facebook)

 


Catégorie: entrée/suite, plat traditionnel juif

Temps de préparation: 1h30′

Temps de cuisson: environ  3 h


Ingrédients

Pour 6 personnes

  • 1 beau pied de cardon
  • 500 g d’épinards
  • 4 c. à s. d’huile d’olive
  • 2 oignons
  • 500 g d’épaule d’agneau
  • 500 g de collier d’agneau
  • 3 gousses d’ail
  • 1 c. à s. de coriandre
  • 1 petit bâton de cannelle (selon goût)
  • 1 c. à c. d’harissa (facultatif)
  • 300 g de blettes
  • 1 bouquet de persil
  • 1 bouquet de coriandre
  • 12 feuilles de romaine
  • 2 poireaux
  • 1⁄4 de chou
  • 4 carottes
  • 3 navets
  • 3 petites courgettes
  • 1 fenouil
  • 300 g de petits pois écosses
  • 300 g de fèves écossées
  • 3 artichauts
  • 2 branches de céleri
  • Quelques brins d’aneth
  • 12 feuilles de menthe (ou de la menthe séchée)
  • Quelques boutons de roses séchés
  • Citron
  • Sel et poivre
  • Matsots (pain azyme)

Préparation

Étape par étape

  • Demandez à votre boucher de vous découpez l’épaule et le collier dans un petit agneau mâle. Selon vos goûts, vous pouvez aussi cuisiner ce plat avec de la viande de boeuf, ou mélanger les deux.
  • Nettoyez les cardons et faites-les blanchir dans une eau citronnée. Mettez-les à cuire en même temps que les épinards car leur temps de cuisson est assez long.
  • Dans un grand fait-tout, mettez l’huile, faites revenir les oignons éminces, puis la viande. Ajoutez l’ail, les épices et si vous le souhaitez, l’harissa.
  • Ajoutez les épinards et les blettes, très soigneusement lavés et coupés en lamelles et laissez-les réduire. Ajoutez également les herbes et les feuilles de romaines hachées grossièrement.
  • Lavez tous les légumes et coupez-les en petits des.
  • Ajoutez-les dans la marmite en fonction de la rapidité de leur cuisson, sinon ils auront l’aspect d’une purée pas très appétissante ! On peut manger les fèves avec leur peau si elle est très fine. Mais on peut également les ébouillanter pour la retirer facilement.
  • Retirez la viande quand elle est cuite et réservez-la, recouverte d’un film adhésif pour qu’elle ne sèche pas.
  • Au moment de servir, remettez la viande réservée dans la marmite.
  • Cassez quelques matsots (pain azyme), faites-les ramollir dans le Msoki pendant une dizaine de minutes.
  • Étape tout à fait facultative car souvent on préfère manger les matsots, légèrement chauffées au four, simplement en accompagnement.
  • Servez bien chaud.

 

Msoki
Le « Msoki » (Crédit Photo: Céline ANAYA-GAUTIER / © Tous les droits réservés – Éditions de La Martinière)

 

Bonne dégustation !


 

2 Commentaires sur “Pessa’h : telles sont les origines nabeuliennes du « Msoki » !

  1. Joëlle Namer says:

    Alors chez nous, on ne met ni poireaux, ni fenouil et surtout pas de chou. La romaine est facultative mais on met beaucoup plus d’épinards parce que ça fond. Moins de mouton parce que dans la famille on’ n’aime pas trop. Mais si on a une osbana, là c’est déjà de la gastronomie !

  2. Annie Chemla says:

    Des poireaux ? Du chou ?
    Non, on ne met pas ces légumes dans le msouki.
    Mais carottes et navets nouveaux, artichauts frais, petits oignons verts, fèves et petit pois, et plein d’épinards (pas de bettes)… tout le printemps.
    Et surtout du osbane, et plein d’herbes, beaucoup de menthe et d’aneth.
    Et non, la matsa n’est pas facultative, elle boit le trop plein de jus et donne de la consistance au plat. Essentiel !

Répondre à Joëlle Namer Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Ce contenu est protégé !!