Kiosque | Gaza : un célèbre fabricant de knafeh connu pour sa générosité tué dans un bombardement israélien

Crédit: © Hani Abu Rezek


Masoud al-Qutati, alias Abu Shadi, était surnommé « le père des pauvres » pour son habitude d’offrir le célèbre désert palestinien à ceux qui n’en avaient pas les moyens.


Par Abeer Ayyoub / Middle East Eye, Londres

 

Le bombardement israélien de Gaza a tué plus de 10 000 Palestiniens, dont une écrasante majorité de civils. Plus de 4 100 enfants ont perdu la vie depuis le début du conflit le 7 octobre.

Des familles entières ont été anéanties et il est fort probable que le bilan soit sous-estimé compte tenu du nombre de corps toujours ensevelis sous les décombres.

Figurent parmi ces victimes une dramaturge, une romancière, une star montante du football, une artiste, des journalistes en herbe, etc.

Récemment, un nouveau décès est venu s’ajouter à ce triste bilan, celui d’Abu Shadi, né Masoud al-Qutati, un chef pâtissier de 64 ans tué lors d’une frappe aérienne israélienne le 3 novembre.

Abu Shadi était vendeur dans un restaurant populaire de knafeh, la pâtisserie palestinienne composée de pâte phyllo baignée de sirop et de fromage fondu.

Au cours de sa carrière dans la pâtisserie, Qutati était devenu célèbre à travers toute la bande de Gaza pour sa générosité et le goût de ses produits.

Les Palestiniens de Gaza le surnommaient « le père des pauvres » en raison de son habitude d’offrir des assiettes de knafeh à prix réduit à la population et gratuitement à ceux qui n’avaient pas les moyens de payer.

« Laissez les pauvres manger » était le slogan utilisé par le magasin d’Abu Shadi, situé dans le quartier d’al-Zaytoun, à l’est de la ville de Gaza.

Le pâtissier expérimenté y travaillait depuis 50 ans et ses gâteaux attiraient de longues files de clients le week-end et le soir.

La mort de Masoud al-Qutati n’était pas son premier contact avec la violence que l’occupation et la guerre infligent aux habitants de Gaza.

Durant la première Intifada – le soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne – entre 1987 et 1993, le petit camion depuis lequel le pâtissier vendait ses produits a été incendié et détruit par les forces israéliennes.

Il a néanmoins continué à s’imposer comme l’un des fabricants de knafeh les plus remarquables de Gaza, gagnant l’admiration de la population et suscitant l’intérêt des médias.

Le chercheur palestinien Abdalhadi Alijla, parent du pâtissier, lui a rendu hommage sur X (Twitter) :

« Le mari de ma cousine, Abu Shadi, était réputé être l’un des vendeurs de knafeh les plus célèbres de Gaza. L’année dernière, la file d’attente nocturne devant son magasin de la rue Salah al-Din était très longue. Ses knafeh étaient non seulement délicieux et authentiques, ils étaient aussi abordables. »

Abu Shadi avait plus de vingt enfants et petits-enfants, dont la plupart avaient terminé leurs études universitaires mais continuaient à participer au commerce familial.

« Mes enfants sont instruits ; Shadi est professeur d’anglais, Muhammad est architecte, Ahmed est pharmacien, mais je leur apprends aussi à faire des gâteaux et ils m’aident dans mon travail », a déclaré un jour Qutati lors d’une interview.

« Pourquoi m’appelle-t-on le ‘’père des pauvres’’ ? Parce que tout le monde, du nord au sud, de l’est à l’ouest, me connaît ; même si vous allez à Rafah et posez des questions sur Abu Shadi, ils sauront où je me trouve », a-t-il déclaré.

A.A.

– Article publié le 6 novembre 2023 –Traduit de l’anglais (original)


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