Décès & Fark | Monastir pleure la disparition du chef Amor Bouzgarrou

Crédit combo : Le Pirate – © mangeonsbien.com


Désormais, chez le Pirate — le célèbre restaurant co-fondé en 1991 par le trio Bouzgarrou (Amor, Ennouri et Kamel) et niché dans le vieux Port de pêche El Ghedir — à Monsatir, les huîtres à la sauce Béchamel rôties au four et les plats à base de fruits de mer n’auront plus la même saveur.

Le mardi 4 juillet 2023, à l’annonce de la mort du chef cuisinier Amor Bouzgarrou à l’âge de 74 ans « après une longue bataille contre la maladie », cette disparition m’a fait ressortir avec nostalgie ses plats fétiches et la bonne humeur de ce virtuose des fourneaux.

J’ai l’impression qu’un artiste — aguerri d’un demi siècle passé devant les pianos de cuisson — nous a quittés .

 

Amor Bouzgarrou
Chef Amor BOUZGARROU, fondateur du célèbrer restaurant monastiien « Le Prirate » (Crédit : Abdel Aziz Hali / © mangeonsbien.com)

 

Sous la houlette du maître des lieux, le chef Amor, les salles à manger de ce repaire du mieux manger ne désemplissaient jamais. Les tables se réservaient une semaine d’avance. Les amateurs de la bonne chère se ruaient sur le vieux Port de la Cité des sciences médicales pour goûter aux petits plaisirs iodés du chef Bouzgarrou, notamment sa délicieuse « Kamounia » au poulpe et ses inimitables fritures de mange-tout.

Or qui dit chef Amor Bouzgarrou, dit son attachement au patrimoine culinaire local comme en témoignent ses délicieux « keftas » et couscous au « cherkaw » (joels) : deux plats que j’ai eu le privilège de goûter lors de l’évènement « Les Mets de mai », un rendez-vous culinaire co-organisé par l’association Tunisienne des professionnels de l’Art Culinaire (ATPAC) et l’association Tunisienne du Patrimoine culturel Immatériel (ATPCI), au fort de Hammamet, le samedi 13/05/2017.

 

Amor Bouzgarrou
Chef Amor Bouzgarrou (le 5e à partir de la gauche) avec sa brigade devant le restaurant Le Pirate qu’il a co-fondé en 1991 avec Ennouri et Kamel Bouzgarrou. (Crédit: Restaurant Le Pirate)

 

 

Comme dernier hommage, je dédis le magnifique texte de Simone Weil « Il restera de toi… » en la mémoire de ce grand restaurateur tunisien, très actif dans la société civile de la ville natale du président Habib Bourguiba :

Il restera de toi…
Il restera de toi ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils,
Ce que tu as souffert, en d’autres revivra.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé, en d’autres germera.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.

Adieu chef… !


 

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