L’incroyable destin argentin d’un brasseur tunisien… Anis Habib !

Crédit photo: Anis HABIB


Le 25 février dernier, notre confrère Karim Benamor publiait sur son profil Facebook le statut suivant:

 

 

Et oui ! Incroyable, mais vrai !

C’est l’incroyable destin argentin d’un jeune tunisien, qui en quelques mois passés au pays de Lionel Messi, est en train d’écrire sa propre légende personnelle en lançant sa propre marque de bière « ANIstout » sous la bannière de l’entreprise Cerveza Belsh.

 

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Anis Habib (d) portant un T-shirt avec le logo de la Cerveza Belsh à Buenos Aires en Argentine (Crédit photo: Anis HABIB)

 

Né en 1988 à Annaba en Algérie de père tunisien et de mère algérienne, Anis Habib a vécu toute son enfance et ainsi que sa jeunesse en Tunisie. Son parcours scolaire débuta en 1994 à l’école primaire d’El Manar 1, puis, c’était le tour d’une adolescence toujours timide au lycée des Pères-Blancs.

Après le bac, il s’inscrivit à l’Université Libre de Tunis (ULT) pour suivre un cycle préparatoire  en génie des Bioprocess. Puis, il poursuivit des études en Bioinformatique, Biochimie et Biologie moléculaire à Paris. Mais voilà, après le 14 janvier 2011, il rentra  à Tunis où il termina son parcours universitaire à l’École polytechnique centrale privée de Tunis (Polytech Centrale).

 

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Anis en pleine concentration tout près de cuves de la production de la bière (Crédit photo: Anis HABIB)

 

Malgré un diplôme d’ingénieur en poche, le chemin de croix d’Anis ne faisait que commencer. Il roula sa bosse un peu partout: TV, Conseils en ingénierie, délégation médicale, etc. Ensuite, en 2016, il postula à la Société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT) par hasard et sans beaucoup d’espoir (en frappant à la porte, CV en main). Bingo ! Le profil de ce baroudeur a fini par taper dans l’oeil de la Maison de la Celtia, suite à trois entretiens.

« Après mon passage chez la SFBT, j’ai co-géré, par la suite un bar à Gammarth tout en continuant à brasser de la bière artisanale chez moi. Il faut dire que depuis l’âge de 16 ans, je faisais de la bière et des alcools chez moi. », nous révèle Anis Habib.« Ça a toujours été une vocation, mais je savais qu’en Tunisie ce n’était même pas la peine d’y penser vu le niveau de corruption qui empêche les jeunes de voler de leurs proposer ailes. Révolution ou pas, dans ce domaine rien n’a changé. Il faut posséder un passe-droit pour réussir dans le domaine de la brasserie en Tunisie où le monopole fait rage.», ajoute-t-il.

 

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Anis avec son ami Paulo Cavalcanti (d) (Crédit photo: Anis Habib – Facebook)

 

Alors que le monde entier vit la révolution de la bière artisanale, Anis Habib était accablé par la lenteur des procédures administratives et d’une bureaucratie inhibante.

«J’ai essayé d’ouvrir une petite brasserie avec mes petits moyens pour faire de la bière et des recettes à ma façon pour quelques bars, histoire de débuter doucement. Certes, mes anciens supérieurs de la SFBT m’ont encouragé. Ils avaient foi en moi. », nous confesse Anis. « D’ailleurs, je suis toujours en contact avec eux et nous sommes restés très amis, comme une famille. Ils ont tout de suite vu que j’étais trop rebelle pour rentrer dans le ‘moule’.», renchérit-il.

 

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Anis Habib (g) avec son ami Laurent Bertin (d) sur le port de Puerto Madero à Buenos Aires en train de savourer une délicieuse Black Jack Stout (bière unique aux 13 malts et vieillie en fût de chêne). (Crédit photo: Anis Habib – Facebook)

 

Anis ne baissa pas les bras et ce malgré une réalité assez frustrante. Mais voilà, un jour, il tomba par hasard sur une annonce publiée sur Facebook par une brasserie belge.

«J’ai postulé pur le poste proposé. Le patron m’a répondu après une heure pour me donner rendez vous sur Skype vers l’après-midi. Entre-temps, j’ai siroté un café tout en ayant effectué quelques recherche sur Google à propos de la boite. Et là, j’ai découvert qu’ils étaient implantés à Buenos Aires, en Argentine.», souligne Anis.

Tout s’enchaina avec Anis. Trois mois après son entretien sur Internet, Anis plia bagage pour l’Argentine sans parler un seul mot en espagnol.

 

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Anis Habib (d) avec Martin, maître-brasseur argentin de la brasserie « El Chaltén »: une petite installation très intéressante qui produit les meilleures bières de la région, une gamme de bières tchèques (Crédit photo: Anis HABIB)

 

Aujourd’hui, il co-dirige une équipe composée de Français, Belges et Argentins. L plus beau que dans une semaine, Anis Habib va lancer sur le marché argentin sa propre bière « ANIstout »: une brune « Extra Foreign Stout«  de type Porter titrée à 7% présentant un arrière goût de fruits secs (des noix, des pruneaux et des raisins secs)

«Il s’agit d’une bière de caractère très proche des « Breakfast Stouts ». Je me suis inspiré du plat tunisien la « Marqa Hloua ». Ma bière est brassée, selon ne recette unique au monde tout en utilisant des levures belges et du houblon allemand.», conclut-il.

Depuis la publication de Karim Benamor, le Manneken-Pis (logo de Cerveza Belsh) est désormais coiffé d’un casque carthaginois à la place de celui des Spartiates (comme en témoigne l’étiquette initiale-ndlr). In fine, fier comme sa « Stout », Anis Habib insuffle dans sa bière anglaise, l’âme rebelle d’un jeune tunisien au pays des Gauchos.

 

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« ANIstout »: la bière d’Anis HABIB, produite à Buenos Aires, en Argentine (Crédit photo: Anis HABIB)

 

Elle est pas belle la vie !?

La Stout, selon happybeertime.com

Histoire du Stout

Pour tout ceux qui ignorent la signification du mot « Stout », selon happybeertime.com, ce dernier chez les Britanniques veut dire « fort » ou « fier ».

C’est à Londres, à partit du XIVème siècle qu’on n’a parlé pour la première du Stout pour désigner des bières.  A cette époque où le Porter était en pleine effigie, le Stout Porter désignait un Porter plus costaud, plus fort. Ensuite, avec le temps, seul le mot Stout est resté.

A l’origine, c’est le Porter qui était à la mode en Grande Bretagne et le Stout, bien plus costaud que son acolyte, avait du mal à rencontrer un succès important en de hors de ses frontières l’Irlande, où la Guinness et la Murphy’s s’en sortait plutôt bien. Les Russes aimaient bien le Stout également comme on pourra le voir par la suite.

Et, ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que le Stout est revenu en force pour connaitre le succès qu’il connait aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’un Stout?

Un Stout est une bière qui utilise des malts torréfiés, des malts blacks comme on les appelle.

Il suffit de 10% de ces malts noirs dans un brassin pour créer une bière aussi noire et épaisse que le Stout. C’est toujours assez amusant de le noter.

On distingue 3 grandes familles de Stout :

  • L’Irish Stout ou bitter Stout : sec, amer, très porté sur le café, il est généralement peu fort en alcool (4,5% en moyenne)
  • Le Milk Stout : la texture est plus crémeuse, plus onctueuse. On dirait qu’on boit du petit lait. Il monte généralement un peu plus haut que l’Irish Stout (6% environ)
  • L’Imperial Russian Stout : le plus costaud des stouts, il est généralement beaucoup plus houblonnés, moins crémeux et culmine aux alentours de 10% d’alcool.

 


Un commentaire sur “L’incroyable destin argentin d’un brasseur tunisien… Anis Habib !

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